Nous devons prouver que la naissance du premier humain dans l’espace est possible

Can 25, 06 – 14 Juin 2022

À l’approche de l’élection du Chef de la Nation prévue le 28 Libra 0006 (9 septembre 2022), Dr. Igor ASHURBEYLI rencontre des électeurs du monde entier. Au cours d’une de ces visites internationales, répondant aux questions des journalistes, le fondateur d’Asgardia a évoqué les 4 étapes de réalisation de ses objectifs premiers.

« Dr. ASHURBEYLI, quel est ou qui est actuellement le lien-clef entre la Première Nation de l’Espace et les Asgardiens ici sur Terre ?

Igor Ashurbeyli : Avant tout, il s’agit du Parlement d’Asgardia formé en 2018. Il est composé de 150 AMP [note de la traduction : acronyme de ‘Asgardia’s Members of Parliament’ soit ‘Membres du Parlement d’Asgardia’ MPA en français] de 32 pays terrestres tandis que le nombre total d’Asgardiens aujourd’hui dépasse le million dans 234 pays du monde.

Quelle est la différence entre les Résidents et les Asgardiens réguliers ?

IA : N’importe qui peut devenir un Asgardien gratuitement. Les Résidents sont un autre niveau, permettant, entre autres, de participer à la vie politique et économique de la Nation, d’élire et d’être élu, par exemple, au Parlement, d’exercer des fonctions au sein du Gouvernement, de la Cour, ou d’autres organes étatiques et organes locaux. Les Résidents paient une taxe de 100 solars par an. À notre taux de change, 1 solar (l’unité de la monnaie nationale d’Asgardia) équivaut à 1 euro.

Nous avons trois niveaux de représentation : les Asgardiens, les Résidents et les Citoyens. Le niveau de citoyenneté apparaîtra une fois qu’Asgardia sera reconnue par au moins un État terrestre. Ensuite, nous commencerons à délivrer des passeports asgardiens à part entière.

Officiellement, Asgardia est un royaume…

IA : Pas exactement. La Constitution Asgardienne énumère divers noms équivalents pour la nation, y compris en effet “le Royaume Spatial d’Asgardia” mais il y a aussi “La Nation Spatiale d’Asgardia” ou encore tout simplement “Asgardia”…

Mais votre système de gouvernement est une monarchie constitutionnelle ?

IA : Oui, mais il n’y a pas de monarque. C’est parce qu’en 2018, j’ai eu une investiture, mais pas de couronnement. Nous tenons actuellement un référendum sur les amendements constitutionnels qui se terminera le 9 septembre de cette année. Une fois les modifications en place, nous pourrons parler du système étatique final d’Asgardia.

Cela fait cinq ans que la Constitution a été adoptée. Au cours de cette période, notre Nation Spatiale est entrée dans une étape numérique du futur, contournant les systèmes esclavagistes, féodaux, capitalistes et socialistes. Nous avons acquis de l’expérience et, à la lumière de cette expérience, il nous sera plus facile de corriger les défauts de la Constitution que nous avons pu avoir lors du prochain référendum.

Et c’est la raison pour laquelle vous n’êtes pas un roi, mais le Chef de la Nation…

IA : Oui. Traditionnellement, pour devenir roi, il faut être couronné. La Constitution asgardienne prévoit la fonction de roi ou, disons, de monarque, mais je ne suis ni l’un ni l’autre. Maintenant, je me présente pour une deuxième élection en tant que Chef de la Nation. Conformément à la Constitution, ce poste ne peut être occupé plus de deux mandats électoraux. Le 12 avril dernier, Journée Internationale de l’astronautique, j’ai annoncé mon intention de briguer un second mandat parallèlement au référendum sur la Constitution. Mais cela n’a aucun rapport avec le sacre : cette procédure devrait (ou ne devrait pas) suivre son cours.

Avez-vous déjà des concurrents en lice pour ce poste également ?

IA : Je ne sais pas encore, mais n’importe quel résident asgardien peut se présenter lui-même pour le poste, ou être nommé et lancer une campagne. Je pense que certaines personnes profiteront de cette opportunité.

Asgardia n’a pas de religions, pas de partis politiques et pas de frontières d’État ; la structure de la nation rappelle en ce sens l’un des

vers de la chanson Imagine de John Lennon. Qu’est-ce qui n’existe pas et n’existera pas à Asgardia par principe ?

IA : Il y a deux choses : les prisons et la peine de mort.

Au début de son histoire, Asgardia a d’abord noué des relations avec l’UNESCO, puis avec les Nations Unies, organisations internationales officielles de la planète Terre. Le ministère des Affaires Étrangères de la Nation Spatiale est-il actuellement entré en relation ou s’engage-t-il dans des pourparlers avec des pays terrestres ? Si oui, à quel titre ?

IA : En effet, moi-même et d’autres hauts responsables asgardiens nous occupons de cette charge. Pour qu’Asgardia soit reconnue par l’ONU, deux, ou mieux, trois pays doivent signer des traités bilatéraux reconnaissant notre indépendance. Nous avons actuellement environ cinq ou sept pays dans notre groupe de négociation.

Une histoire partagée et une langue commune sont au cœur de toute nation. Asgardia a sa propre histoire, quoique courte. Elle a sa propre monnaie, son propre calendrier. Qu’en est-il d’un langage à part entière ?

IA : Soit dit en passant, notre calendrier est un calendrier spatial et numérique universel et absolument précis, et le seul de son genre qui n’est pas directement lié à la planète Terre. Quant à la langue, bien sûr, notre objectif est de créer une langue asgardienne unifiée. Je ne pense pas que cela prendra trop de temps : 50 à 70 ans, et déjà la troisième génération d’Asgardiens parlera sa langue maternelle dès son plus jeune âge.

Asgardia coopère-t-elle avec des programmes spatiaux ? Si oui, dans quel but pratique ?

IA : En 2017, nous avons lancé le satellite Asgardia-1 en orbite terrestre, qui représente le premier territoire symbolique de notre nation. Et le jour de mon inauguration, le 25 juin 2018, Asgardia a reçu ses félicitations depuis l’espace : depuis la Station Spatiale Internationale. L’équipage a pris les armoiries et le drapeau d’Asgardia en tant que première nation spatiale dans l’espace.

En ce qui concerne la participation aux programmes spatiaux, il convient de noter que nous ne sommes pas une société commerciale, comme SpaceX et d’autres. Nous sommes une nation, nous ne sommes donc pas directement impliqués dans des projets technologiques commerciaux.

Notre objectif est de construire la première nation spatiale numérique.

Et notre tâche stratégique est d’assurer la survie de l’humanité en dehors de la planète Terre et de créer ainsi les conditions du premier accouchement dans l’espace – en tant que symbole tangible de l’existence infinie de l’humanité. Cela signifiera également que la race humaine ne dépendra plus de son berceau, pour citer Konstantin TSIOLKOVSKY, et devra le quitter un jour. Ce sujet concerne aussi de la science, pas seulement des idées et de la philosophie. Il nécessite d’atteindre deux objectifs scientifiques fondamentaux.

Nous travaillons notamment sur la gravité artificielle, indispensable pour concevoir, porter et accoucher. Notre deuxième travail consiste à protéger les humains des radiations spatiales.

Nous pouvons distinguer quatre étapes pour relever ces défis.

La première étape est une expérience d’isolement au sol. Il est en cours depuis plus de six mois maintenant avec notre participation directe.

L’équipage international comprend trois hommes et trois femmes. L’une d’elles est une Asgardienne. L’équipage se trouve dans un espace clos dans des conditions de vol spatial simulées. L’expérience est menée par l’Institut des problèmes biomédicaux de l’Académie des Sciences de Russie.

Ensuite, une autre expérience au sol importante est en cours de planification, mais je ne divulguerai pas ses détails pour le moment.

Ce qui suit est la création de l’arche nationale d’Asgardia en orbite terrestre basse pour tester les technologies de protection contre la gravité artificielle et les rayonnements spatiaux, tout en permettant à l’équipage familial d’être rapidement évacué en quelques heures en cas d’urgence.

Une fois cette étape franchie avec succès, la prochaine étape sera le lancement de l’Arche Lunaire d’Asgardia [ndlt: en anglais Asgardia Moon Ark] en orbite lunaire. Et enfin, nous prévoyons un vol spatial de l’Arche de l’Étoile d’Asgardia [ndlt: en anglais Asgardia Star Ark] qui durera au moins 60 ans. L’équipage sera composé de terriens de différentes races, nationalités et groupes sanguins, afin d’éviter tout problème de dégénérescence génétique ainsi que d’autres problèmes.

– Quel délai avez-vous fixé pour la mise en œuvre de ces étapes ?

IA : Sur la base de la technologie actuelle, il nous reste 25 ans avant d’arriver à l’arche spatiale, mais ce délai peut être plus court en raison du rythme rapide du développement scientifique et technologique. Je ne veux pas plonger profondément dans le futur, car en tant qu’ingénieur, j’essaie de penser en catégories idéales de ma propre vie terrestre. Les prochaines générations décideront quoi faire ensuite. Nous devons leur donner cette chance : prouver qu’il est tout à fait possible de donner naissance à un être humain dans l’espace. Je crois que ce bébé sera encore plus célèbre dans l’histoire de l’humanité infinie que Youri Gagarine.»

Par Boris Efimov

Lien de l’article original en anglais sur le site officiel d’Asgardia : https://asgardia.space/fr/news/We-Must-Prove-That-Human-Birth-in- Space-Is-Possible